Où quelques heures de félicité mystique sont interrompues par un fort sanglant événement.

Formule dialoguée, en latin, « Bénissons le Seigneur… Grâce à Dieu ». Comme le dit saint Augustin, dire les mots nous rappelle le souvenir des choses que nous devons désirer.


Latin, « Seigneur, vous ouvrirez mes lèvres et ma bouche proclamera votre louange ». C’est l’invitatoire, emprunté du bas latin invitatorius, « qui invite ». Dans l’office romain, psaume introductif de la première heure de la journée, appelée autrefois matines.

Invitatoire de la règle de Saint-Benoît, chapitre 9 :

Durant l’hiver on commencera l’Office par le verset Deus in adjutorium meum intende ; Domine ad adjuvandum me festina. (Ps. 69.) Ensuite, on dira trois fois, Domine labia mea aperies ; et os meum annuntiabit laudem tuam (Ps. 50) ; à quoi l’on ajoutera le troisième Psaume avec le Gloria.


Chant liturgique, « Venez, tressaillons d’allégresse (pour le Seigneur) » tiré des Psaumes, 94:1.


Premiers mots de l’hymne latin d’action de grâces solennelle : « Seigneur, nous te louons ». Il est chanté à la fin de l’office monastique et romain des matines. Il est mentionné dans la règle de saint Benoît.

Elle fut composée à la fin du IVe siè­cle ou au début du Ve par Nicetas, évêque de Remesiana, ville située en Dacie méditerranéenne (actuellement : bord méditerranéen de la Roumanie). La tradition ancienne nomme cette pièce vénérable l’« Hymne ambrosien », car une légende en attribuait la composition à saint Ambroise, inspiré par l’Esprit saint au moment où saint Augustin sortait de la piscine baptismale. Source.

La nature chorale de cette première heure de la journée appelle une captation musicale ; j’ai hésité entre un célèbre morceau de Charpentier, et une interprétation grégorienne, bien plus proche de ce à quoi Adso et Guillaume assistèrent :


Hymne en latin : « Dieu qui est la merveilleuse splendeur des saints ».


Hymne en latin, « Déjà, l’astre lumineux est né ».


Latin, « les bains ».


C’est un synonyme de brouillamini, qui est un désordre, une sorte de dédale inextricable, une confusion.


Voir note à la même entrée, Jour 1 Prime. Voir cet article.

Variante d’Adso, qui remplace pictura par scriptura : le rapport du signifiant au signifié se fait plus lettré.


C’est le symbole (résumé des croyances de la foi chrétienne) de Nicée-Constantinople : « Je crois en un seul Dieu ». Le credo constitue également la profession de foi dans la liturgie.


Plante légumineuse des régions tropicales, de la famille des papilionacées, à fleurs rouges ou jaunes.
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De la poudre de Myrrhe, connue pour ses vertus anti-inflammatoire et anti-infectieuse.

Gomme-résine qui découle, selon Ehrenberg, d’un arbre rabougri qui croît sur les frontières de l’Arabie et de la Nubie et nommé Balsamodendron myrrha (Térébenthacées). Elle est en larmes rougeâtres, sous-diaphanes, lisses ou rugueuses extérieurement, vitreuses et comme huileuses dans leur cassure. (…) l’odeur est forte et peu agréable, la saveur âcre. (…) Sous le rapport historique, elle est fort célèbre. Le Stacé des anciens, suivant quelques auteurs, serait la liqueur qui se trouve quelquefois au centre des larmes de myrrhe. Excitant, tonique, emménagogue peu employé aujourd’hui. On en prépare une teinture. Elle entre dans des masses pilulaires, la thériaque, l’emplâtre de Vigo, l’élixir de Garus, le baume de Fioraventi, des poudres dentifrices.
François Dorvault, L’Officine ou Répertoire général de pharmacie pratique, Vigot Frères, Paris, 1945.

La myrrhe fut également le parfum offert à l’Enfant Jésus par les Rois mages venus, en adoration, présenter leurs offrandes.


Orthographe plus fréquente : Mummia. Cela a vraiment existé. Il paraît même que la mummia obtenue à partir de têtes égyptiennes fût plus recherchée que celle composée de têtes perses. Tout un programme…


Plus souvent Mandragora officinarum, mandragore officinale.
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Le mot « lopris » n’existe pas en latin. Lapis ematitis n’est pas du latin classique ; « lapis » signifie « pierre », mais le deuxième mot n’existe pas. C’est peut-être une des traces linguistiques de la translatio studiorum, ce grand mouvement de déplacement des pôles du savoir et des textes, du Proche-Orient vers l’Occident : beaucoup de textes ont été traduits, notamment à partir de l’arabe et du grec ancien, sans que des équivalents exacts aient été trouvés en latin, faute de maîtrise des langues. On peut penser que ematitis est un dérivé morphologique du grec ancien αἷμα / haîma qui signifie « sang ». La couleur de cette pierre confirme cette hypothèse : il s’agit probablement d’une hématite.

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Voici ce qu’écrit Lorenzo Fioravanti en 1582 à propos de cette pierre : « Il lapis ematitis, una pietra di color del ferro et durissima più del ferro, et facendone polvere è rossa. » (Une pierre de la couleur du fer mais plus dure que le fer, et qui est rouge lorsqu’elle est réduite en poudre.)

L’intérêt pour les pierres est fort au Moyen Âge : on les ramasse, on les classe, on s’en sert pour la décoration ou pour les échanges, on leur attribue des vertus médicinales, thérapeutiques, mystiques ou encore magiques (c’est le cas ici avec cet aimant). La pierre joue un rôle important dans le roman : entrant déjà en composition d’un mécanisme au deuxième chapitre de la première journée, elle permettra ensuite (3e jour, Vêpres) aux deux héros de s’orienter dans le dédale de la bibliothèque grâce à ses propriétés magnétiques. Les premiers aimants, phénomène merveilleux, étaient connus depuis l’Antiquité. Il s’agissait de pierres de fer découvertes pour la première fois près de la ville de Magnésie en Thessalie.

L’héritage de Roger Bacon, de Guillaume d’Ockham ou encore, dans le cas particulier de cette « pierre merveilleuse » « qui attire le fer », de Pierre de Maricourt (un savant français du 13e siècle que Bacon mentionne), est à souligner : ils contribuèrent à fonder les premières universités (lire cet article). Cet héritage innerve toute l’intrigue dans sa démarche scientifique ; Guillaume est le modèle de l’enquêteur qui procède par hypothèse investigatoire : ses déductions, allant du signe à la loi universelle, ont une visée télique, forment un progrès positif et positiviste qui est au cœur du projet romanesque d’Eco.


Ce mot grec peut être traduit suivant les deux significations données par les Grecs, à la fois comme médicament et comme poison. La littérature autour de ce mot est formidable, ses ramifications aussi.